Il était impossible de délimiter visuellement les frontières du jardin tant sa surface semblait excéder toute conception possible en ce monde. Les végétaux, affamés, dévoraient le marbre blanc, les plantes escaladaient agilement les sculptures, formant aux muses immobiles d'étonnants habits aux couleurs du printemps. Les roses, pourpres, bleus et jaunes couvraient les créatures endormies des parures qui inspiraient les plus grands artistes et couturiers. L'eau chantonnait gaiement dans les rigoles dorées qui serpentaient entre les herbes folles.
Les arches blanches portaient d'immenses rosiers, leurs branchages robustes ployaient sous le poids de leurs fleurs immenses et colorées. Celles-ci abritaient diverses créatures, insectes, oiseaux, et autres mythes inavoués.
Les pétales chutaient, portés par le vent et se déposaient au pieds des voyageurs qui les soulevaient à chaque pas vagabond.
Le jardin est ce lieu qui vacille entre réalité et rêve, une mince frontière qui n'ose se dresser, plongeant ses occupants dans un étant de plénitude enivrant.
Laissez vous tenter, voyageur. Vous entendez son appel.